ParentalitĂ©et handicap mental : contrer les tabous. Sept Ă©lĂšves de l'IFSI de GuĂ©ret (Creuse) ont soumis au concours Ă©tudiant de la MNH, qui court jusqu'au 15 octobre, un projet sur un sujet dĂ©licat : la parentalitĂ© des personnes handicapĂ©es mentales. Ils ont imaginĂ© une brochure Ă  destination des personnes elles-mĂȘmes et un document 27Devenirparent suppose de prendre le risque de la rencontre, de commettre des erreurs, et de mettre en Ɠuvre des mouvements de crĂ©ativitĂ© qu’il convient de ne pas entraver. Évidemment, lorsque l’enfant est atteint d’un handicap, il peut soulever chez ses parents mais Ă©galement chez leurs proches et parfois chez les professionnels des mouvements d’inquiĂ©tude, Deplus en plus souvent, les personnes avec une dĂ©ficience intellectuelle expriment le dĂ©sir de devenir parents. Si elles le souhaitent, les professionnels les accompagnent dans leur rĂ©flexion. Quand l’enfant est lĂ , ils mettent en place un soutien Ă  la parentalitĂ© et Ă  la gestion du quotidien. Avecle vieillissement, les besoins de votre proche handicapĂ© changent et l’accompagnement Ă  domicile peut devenir de plus en plus compliquĂ©. Pour les aidants de personnes handicapĂ©es vieillissantes, la prise en charge en Ă©tablissement s’impose souvent. Avec un personnel formĂ© aux questions du vieillissement, les Ă©tablissements d’hĂ©bergement Aiderune personne aprĂšs l’annonce d’un dĂ©cĂšs, c’est commencer par accepter qu’elle soit troublĂ©e et triste quand elle l’est. Dans le rĂŽle qui est le vĂŽtre, c’est en grande partie le regard que vous porterez sur le vĂ©cu de l’aidĂ© qui lui permettra de se rĂ©concilier (ou pas) avec les Ă©motions qui sont les siennes. Vay Tiền TráșŁ GĂłp Theo ThĂĄng Chỉ Cáș§n Cmnd Hỗ Trợ Nợ Xáș„u. Vous ĂȘtes nombreux Ă  nous poser ces questions, peut-ĂȘtre trouverez-vous ici une rĂ©ponse aux vĂŽtres ? Dans le cas contraire, n’hĂ©sitez pas Ă  nous contacter
 QUESTION / Mon fils souffre d’un handicap mental et je souhaite l’inscrire dans un club, comment dois-je procĂ©der ? RÉPONSE / La FFH se charge uniquement des personnes souffrant d’un handicap moteur ou sensoriel. Pour ceux en situation de handicap mental ou psychique, il faut faire appel Ă  la FĂ©dĂ©ration Française du Sport AdaptĂ©. QUESTION / Je souhaite m’inscrire dans un club handisport mais je ne sais pas oĂč chercher
 RÉPONSE / Pour trouver un club handisport proche de chez vous, il vous suffit de vous rendre dans la section Sports » puis de choisir Trouver un club oĂč pratiquer ? » QUESTION / Je souhaite prendre une licence et j’aimerais avoir plus d’informations notamment sur les prix. RÉPONSE / Vous pouvez trouver toutes les informations sur les licences en cherchant dans la section Clubs & ComitĂ©s » puis dans Affiliation, Licences & Assurance » QUESTION / Pour un projet autour du Handisport je souhaite faire appel Ă  l’un de vos sportifs, qui dois-je contacter ? RÉPONSE / Pour toute demande de collaboration, il vous suffit de remplir un formulaire que vous trouverez dans la section Com & MĂ©dias » puis dans la rubrique Vous cherchez un ambassadeur handisport ? » QUESTION / Je suis Ă©tudiant et j’ai choisi comme objet d’étude le Handisport. Je souhaiterais avoir un rendez-vous afin d’échanger avec vous pour avoir plus de renseignements. RÉPONSE / Vous trouverez des renseignements ainsi que des contacts en allant dans la section Expertise » puis dans la rubrique Recherches & travaux scientifiques du collĂšge Ă  l’universitĂ© ». QUESTION / Afin de sensibiliser mes Ă©lĂšves au Handisport, je voudrais mettre en place des activitĂ©s ou bien organiser une rencontre, mais je ne sais pas comment m’y prendre. RÉPONSE / Afin d’aider dans vos projets de sensibilisation au Handisport, nous avons mis en place une rubrique oĂč vous pourrez retrouver toute l’aide dont vous avez besoin pour votre projet. Il vous suffit de vous rendre dans la section Ressources » puis dans la rubrique ÉlĂšves & enseignants » QUESTION / Sportif Handisport depuis peu, je suis Ă  la recherche d’un Ă©quipement adaptĂ© Ă  la pratique de mon sport mais je n’en trouve pas. RÉPONSE / Afin d’aider tous les sportifs dans leur dĂ©marche de recherche d’équipement nous avons créé Le Guide du MatĂ©riel sportif adaptĂ© » que vous pouvez tĂ©lĂ©charger en allant dans la section Expertise ». haut de page Lorsque l’on traverse des moments difficiles, les gens disent toujours des choses comme Reste fort » ou Tu dois ĂȘtre fort ». Ces phrases, tout le monde les a entendues au moins une fois dans sa vie. Mais qu’est-ce que cela signifie rĂ©ellement ? Est-un bon conseil ou bien est-ce simplement une sorte de clichĂ© ? Cela revient-il Ă  considĂ©rer que les gens sont faibles d’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale ? Ces conseils lancĂ©s Ă  l’emporte-piĂšce peuvent donner lieu Ă  diverses interprĂ©tations. On peut devenir fort juste en allant dans une salle de musculation pour lever de la fonte. Nous pouvons Ă©galement ĂȘtre forts en prenant des mĂ©dicaments nous donnant un sentiment de force immĂ©diate. Mais est-ce que cela va marcher rĂ©ellement ? Sommes-nous aussi dĂ©sespĂ©rĂ©ment faibles pour cĂ©der Ă  cette facilitĂ© ? Sur l’instant, certains les sont peut-ĂȘtre. NĂ©anmoins, lorsque l’on parle d’ĂȘtre fort, il est plus probable que les gens font rĂ©fĂ©rence Ă  la force mentale. Un mental fort peut aider Ă  traverser n’importe quelle situation dans la vie. C’est donc quelque chose de crucial Ă  possĂ©der lorsque l’on traverses des pĂ©riodes difficiles. Cette capacitĂ© mentale s’avĂšre Ă©galement importante quand il s’agit d’ĂȘtre Ă©tonnant et de rĂ©ussir. Dans ce qui suit, je vous propose de dĂ©couvrir 12 conseils pour devenir fort mentalement. Peut-ĂȘtre appliquez-vous dĂ©jĂ  certains de ces conseils au quotidien. Quoi qu’il en soit, cela sera l’occasion pour vous de vous interroger sur votre force mentale. Ce sera Ă©galement l’occasion de dĂ©couvrir de nouvelles idĂ©es pour dĂ©velopper votre force mentale et de les mettre en pratique en les incluant dans votre routine quotidienne. C’est ainsi la meilleure maniĂšre pour les maĂźtriser durablement. 1. Dites adieu Ă  la nĂ©gativitĂ© du passĂ©, et concentrez-vous sur le prĂ©sent Les expĂ©rience du passĂ© peuvent avoir un effet terrible sur votre prĂ©sent et vos projets d’avenir si vous les gardez en tĂȘte. Quels que soient les sentiments nĂ©gatifs que vous puissiez ressentir par rapport Ă  votre passĂ©, il est donc essentiel de les mettre de cĂŽtĂ© pour vous concentrer positivement sur le prĂ©sent et le futur. C’est ainsi que vous Ă©viterez de vous laisser affaiblir par votre passĂ© et que vous pourrez devenir fort mentalement. 2. ReconnaĂźtre ses faiblesses pour les transformer en forces Quelles que soient vos faiblesses, vous pouvez vous amĂ©liorer encore et encore. Vous n’avez pas besoin de devenir le meilleur au monde pour le faire, mais si vous vous amĂ©liorez dans une domaine oĂč vous ĂȘtes faible, ce sera une chose en moins Ă  vous prĂ©occuper. En acceptant de reconnaĂźtre vos faiblesses, vous pourrez les transformer en forces. Imaginez ce que vous pourrez accomplir d’ici 10 ans ou 20 ans en appliquant Ă  la lettre ce conseil ! DĂ©barrassĂ© de vos faiblesses, vous serez plus confiant et plus fort mentalement. 3. RĂ©alisez toujours ce que vous planifiez afin d’atteindre vos objectifs Il n’y a rien de mieux que de rĂ©aliser ce que l’on a prĂ©vu et planifiĂ© dans la vie. La plupart des gens planifient beaucoup mais trĂšs peu vont terminer ce qu’ils ont commencĂ©. C’est un Ă©norme problĂšme parce que chaque fois que vous ne terminez pas quelque chose que vous aviez planifiĂ©, vous vous sentirez incomplet et insatisfait ce qui aura tendance Ă  vous affaiblir. Tout ceci pouvant devenir dĂ©vastateur dans le temps. DĂšs que vous planifiez quelque chose, vous devez donc le rĂ©aliser ! C’est aussi simple que cela. Il se peut que vous n’atteignez pas l’objectif tout de suite, mais vous serez plus prĂšs de le faire aprĂšs avoir commencĂ© et vous n’aurez pas Ă  affronter ce sentiment d’insatisfaction qui vous affaiblira. 4. Apprenez petit Ă  petit Ă  vous parler Nous nous parlons tous Ă  nous-mĂȘme. La vraie question est de savoir si vous le faites de la bonne maniĂšre. Il est crucial d’avoir les bons mots Ă  dire et de se poser les bonnes questions. Pourquoi ? Tout simplement car les mots vont gĂ©nĂ©rer l’action, bonne ou mauvaise. Tout ceci dĂ©pendant du contenu. Commencez donc par dresser la liste des choses que vous vous dites chaque jour. Regardez ce que vous n’aimez pas et commencez Ă  le modifier au sein de cette liste. Remplacez ce que vous n’aimez pas par une phrase alternative plus positive et productive. Reproduisez ensuite cette routine quotidiennement pour devenir plus fort mentalement. 5. Cessez de laisser vos Ă©motions prendre le dessus sur vous Utilisez la raison et la logique lorsque vous prenez des dĂ©cisions. Ne vous laissez pas guider uniquement par vos Ă©motions du moment. Votre vie a un but. Vous avez de nombreux buts Ă  atteindre. Ces buts doivent ĂȘtre vos lignes directrices. Tout ce qui n’y contribue pas de maniĂšre positive vous ralentira ou pire encore, vous arrĂȘtera. Les Ă©motions font partie de ces choses qui mettent en pĂ©ril vos buts. Restez calme, maĂźtrisez-vous, souvenez-vous de vos objectifs de vie et continuez Ă  avancer avec raison et logique quelles que soient les circonstances. 6. Commencez Ă  voir les autres comme faisant partie de votre Ă©quipe Quand d’autres personnes accomplissent quelque chose, soyez heureux pour elles d’une maniĂšre authentique. Vous pouvez le faire en les considĂ©rant comme faisant partie de votre propre Ă©quipe. Leurs victoires ne signifient que vous perdez. Au contraire, leurs victoires sont vos victoires. Pourquoi ? Parce que ces personnes font partie de votre Ă©quipe. Il peut s’agir des membres de votre famille, de vos amis, de vos relations ou encore de vos collĂšgues de travail. N’oubliez pas que vous pouvez faire partie de toutes sortes d’équipes ! 7. Ne craignez pas le changement, transformez la peur Les peurs peuvent vous retenir. C’est un fait indĂ©niable. Ne les laissez pas contrĂŽler votre vie. Soyez toujours ouvert Ă  la nouveautĂ© et au changement. Soyez prĂȘts Ă  vous adapter plutĂŽt que de renoncer et abandonner des choses par peur du changement. Transformez cette peur en quelque chose de positif. Soyez prĂȘts Ă  de nouveaux challenges qui sont autant d’opportunitĂ©s pour votre futur. 8. L’échec doit toujours servir de leçon et ne pas ĂȘtre vu comme une impasse Apprendre de ses Ă©checs est la seule solution pour rĂ©ussir dans la vie. Apprenez de vos Ă©checs et devenez meilleur jour aprĂšs jour. Ne laissez pas vos erreurs ĂȘtre la raison pour laquelle votre dĂ©sir d’avancer diminue. Cela doit ĂȘtre tout le contraire. Un Ă©chec est une bonne chose si vous arrivez Ă  le prendre comme une expĂ©rience vous indiquant ce qu’il ne faut plus faire. Vous ferez donc forcĂ©ment mieux la prochaine fois ! 9. Votre temps est prĂ©cieux, utilisez-le Ă  bon escient Utilisez votre temps Ă  bon escient car il est prĂ©cieux. Quoi que vous fassiez, votre temps est trĂšs prĂ©cieux. Ne l’oubliez jamais. Soyez productif et refusez de passer du temps sur des choses qui ne vous feront pas de bien. 10. Travaillez dur sans relĂąche, ne vous souciez pas de votre rĂ©putation Il ne s’agit pas de ce que les gens pensent que vous pouvez faire, mais de ce que vous pouvez rĂ©ellement faire. DĂ©velopper une Ă©thique de travail est un Ă©lĂ©ment majeur pour devenir fort Ă  l’intĂ©rieur. Vous prenez confiance en vous parce que vous savez que vous pratiquez et pratiquez encore et encore. Vous pratiquez assez pour avoir le nombre de compĂ©tences nĂ©cessaire afin de faire bouger les choses. 11. Faites le lien entre votre corps et votre esprit Vous pouvez travailler sur votre esprit un nombre innombrable d’heures. Cependant, vous ne pouvez pas oublier l’endroit oĂč se trouvent tous vos organes et votre systĂšme il s’agit bien sĂ»r de votre corps. Prenez donc soin de votre corps ! En prenant soin de votre corps, vous renforcerez Ă©galement votre esprit. Les deux vont de paire. Une bonne hygiĂšne de vie sur la plan alimentaire ainsi qu’une bonne routine d’exercice physique font la diffĂ©rence et vous permettront d’établir un lien fort entre votre corps et votre esprit. 12. Apprendre peut vous rendre plus fort que vous ne l’imaginez Ne sous-estimez jamais le pouvoir que l’apprentissage peut avoir sur votre vie. Soyez en apprentissage perpĂ©tuel. Ne faites pas partie des gens qui croient qu’ils savent tout et se sentent supĂ©rieurs. Tout le monde a des choses apprendre dans la vie. Soyez-en conscients. Vous pourrez ainsi vous amĂ©liorer quotidiennement et cette capacitĂ© Ă  apprendre vous rendra plus fort. Conclusion Cette liste est loin d’ĂȘtre exhaustive. NĂ©anmoins, ces 12 conseils sont un point de dĂ©part essentiel. Ils vous permettront de devenir plus fort mentalement et de passer Ă  la vitesse supĂ©rieure. Tout simplement parce que les conseils que je vous ai donnĂ© sont simples et que tout le monde peut les appliquer avec un peu de volontĂ©. Ils sont simples mais ils fonctionnent s’ils sont appliquĂ©s. Il n’y a donc aucune raison que vous n’arriviez pas Ă  les mettre en pratique et Ă  devenir fort mentalement vous aussi. Le frĂšre d’Albane est handicapĂ©. Toute sa vie, elle s’est sentie lĂ©sĂ©e et mise au second plan. Elle souhaite aujourd’hui parler de cette place particuliĂšre de sƓur de personne handicapĂ©e. Depuis 21 ans, le handicap fait partie de ma vie. Mais ce n’est pas moi qui suis handicapĂ©e, c’est mon frĂšre qui l’est. Je trouve qu’on ne parle pas beaucoup des frĂšres et sƓurs dans l’équation du handicap. Alors aujourd’hui j’avais envie de dire HĂ© ho on est lĂ , on existe, coucou ! ». Et peut-ĂȘtre que toi qui me lis, tu es dans le mĂȘme cas que moi, et que ça te fera du bien de voir que tu n’es pas seule. Le handicap de mon frĂšre J’ai un schĂ©ma familial assez classique deux parents et deux grands frĂšres. Le premier qui a 29 ans et puis un second qui a 27 ans. C’est l’aĂźnĂ© de notre fratrie qui est porteur d’un handicap. Il est Infirme Moteur CĂ©rĂ©brale IMC, avec une lĂ©sion au nerf optique et un syndrome Ă©pileptique. En gros il ne marche pas et n’a pas toutes ses capacitĂ©s cĂ©rĂ©brales. Il est myope comme une taupe et sa lĂ©sion fait qu’il a des trous » dans la vue. Par exemple, il peut voir une miette de pain, mais pas forcĂ©ment une tomate. Dans notre malheur » on a un peu de chance puisque mon frĂšre parle trĂšs bien et nous comprend. Par contre il gĂšre assez mal ses Ă©motions, n’aime pas vraiment l’imprĂ©vu et a une obsession pour la nourriture. Mon frĂšre handicapĂ©, notre relation complexe Notre relation n’as pas toujours Ă©tĂ© facile. Toute mon enfance, jusqu’à mes 15-16 ans, j’ai ressenti beaucoup de haine pour lui. Quand je passais dans le mĂȘme couloir que lui, trop prĂšs de son fauteuil roulant, il me tirait les cheveux. Quand on Ă©tait Ă  table j’avais droit Ă  des jolis noms d’oiseaux sale pute, connasse, salope
 et tout le tralala. Il restait mon frĂšre, mais je ne voyais pas pourquoi je ne pouvais pas rĂ©pliquer comme je le ferais avec le second, alors moi aussi je lui tirais les cheveux, lui donnais des claques et l’insultais. Ce que je viens de dire doit en choquer plus d’une
 mais pour moi, mon frĂšre est normal handicap ou pas, j’aurais agi de la mĂȘme maniĂšre. Il y a beaucoup de choses que je n’ai jamais pu faire parce que mon frĂšre Ă©tait lĂ . Aller au cinĂ©ma, dans des parcs d’attraction, en week-end ou vacances improvisĂ©es, au ski
 Ou tout simplement ĂȘtre toute seule avec mes parents. MĂȘme si j’ai toujours eu des petites attentions de ma mĂšre et mon pĂšre, il y aussi eu beaucoup de conflits. J’avais l’impression qu’ils ne m’aimaient pas autant que lui. Je me sentais seule, je le sentais privilĂ©giĂ© » il me privait du temps que j’aurais pu passer avec eux. Tout cela peut paraĂźtre superficiel, mais ça ne l’est pas pour une enfant de 8 ou 9 ans. Parfois, je l’avoue, je souhaitais qu’il meure, qu’il disparaisse pour avoir enfin une famille normale »  À lire aussi Les handicaps face au monde du travail – Les madmoiZelles tĂ©moignent Mon frĂšre handicapĂ©, mon secret On m’a souvent cataloguĂ©e comme la sƓur de » et ça a dĂ©coulĂ© sur des rĂ©flexions trĂšs dures. La pire remarque qu’on m’a adressĂ©e, c’était en primaire Aaah ne me touche pas je vais attraper la maladie de ton frĂšre ! » Alors comme un systĂšme de dĂ©fense, j’ai fini par cacher cette partie de ma vie. Ça n’a pas durĂ© longtemps, mais pendant une partie de mon collĂšge je n’en parlais pas, ou Ă  trĂšs peu de personnes. J’avais extrĂȘmement honte. Lorsqu’on me demandait si j’avais des frĂšres et sƓurs et ce qu’ils faisaient dans la vie, je rĂ©pondais que je n’avais qu’un seul frĂšre. C’était difficile, je parlais trĂšs peu du cauchemar que je vivais Ă  la maison. Le poids du secret Ă©tait parfois trĂšs lourd Ă  porter. Plusieurs fois dans ma vie, j’ai eu l’occasion de rencontrer des psychologues, pour diffĂ©rentes raisons, ce qui m’a beaucoup aidĂ©e, permis de faire le point et d’avancer. Ça m’a fait beaucoup de bien de parler sans jugement et dans la bienveillance. Quand je suis rentrĂ©e au lycĂ©e, je me suis sentie mieux et moins jugĂ©e, alors j’ai commencĂ© Ă  plus assumer. Je n’avais plus l’étiquette frĂšre handicapĂ© » collĂ©e sur mon front. Ça a mĂȘme suscitĂ© l’intĂ©rĂȘt de plusieurs personnes qui m’ont posĂ©es plein de questions pour comprendre mon quotidien, et j’ai trouvĂ© ça plutĂŽt valorisant. Certains de mes amis ont rencontrĂ© mon frĂšre, et ont Ă©tĂ© impressionnĂ©s de toute l’émotion qu’il dĂ©gage. Mon frĂšre handicapĂ©, ma fiertĂ© Aujourd’hui notre relation s’est apaisĂ©e, on se voit beaucoup moins souvent donc on profite un peu plus des moments ensemble. Son handicap Ă©volue mais pour l’instant tout va bien pour lui. À lire aussi Besoin d’une bourse pour Ă©tudiante handicapĂ©e ? C’est le moment de candidater ! Il gagne en autonomie sur certains aspects ; son activitĂ© favorite est par exemple d’appeler tout le monde avec son tĂ©lĂ©phone, mĂȘme si les appels restent courts. Il n’a pas l’habitude de gĂącher sa salive pour du bla-bla inutile. Souvent nos conversations se limitent Ă  ça — Bonjour Albane. — Salut, alors tu as passĂ© une bonne journĂ©e ? — Au revoir Albane. Ça me fait rire
 et au moins, je sais qu’il pense Ă  moi ! Mon frĂšre n’a pas eu accĂšs Ă  l’école mais mes parents lui ont appris beaucoup de choses, notamment pendant les longues heures d’attente Ă  l’hĂŽpital. Et comme il aime beaucoup les jeux tĂ©lĂ©visĂ©s, le combo lui a permis d’avoir une bonne culture gĂ©nĂ©rale. En plus, il a une mĂ©moire impressionnante alors capitales, pays, rĂ©gions, dĂ©partements, prĂ©fectures
 Il connaĂźt bien. Il a l’oreille absolue l’aptitude Ă  reconnaitre les notes d’un son et Ă  les reproduire, et joue du piano depuis des annĂ©es. J’ai parfois le plaisir de l’entendre jouer du Aya Nakamura, des gĂ©nĂ©riques de sĂ©ries et du Mozart Ă  la suite. Et dans ces moments-lĂ , qu’est-ce que je suis fiĂšre de lui ! Mon frĂšre handicapĂ©, ma responsabilitĂ© Évidemment, le handicap de mon frĂšre conditionne ma vie et mes choix. Je suis jeune et je veux profiter au maximum parce que je sais que mes parents ne sont pas Ă©ternels, et que j’aurai la charge de mon frĂšre tĂŽt ou tard. Il sera toujours un facteur dĂ©cisif dans mes choix. Je me vois mal partir Ă  l’autre bout du monde et le laisser tout seul pour des fĂȘtes de famille importantes, par exemple. De mĂȘme, il est essentiel pour moi que la personne qui partage ma vie accepte mon frĂšre et toutes les choses que sa situation implique dans ma vie. Mes parents ont eu la force d’avoir d’autres enfants aprĂšs lui et je les remercie, car sinon je ne serais pas lĂ . Ils ont tout fait pour qu’on ne se sente pas Ă©cartĂ©s et qu’on soit une vraie fratrie. Ils nous aiment tous de la mĂȘme façon, mĂȘme si j’ai mis du temps Ă  le comprendre. Ils nous poussent Ă  donner le meilleur de nous-mĂȘme. Eux ont fait ce choix courageux, mais moi je ne le ferais pas. J’aimerais avoir des enfants mais si je dĂ©couvre pendant la grossesse un handicap, j’effectuerais une IVG. Je ne veux pas faire vivre Ă  mes enfants ce que j’ai vĂ©cu. Les moments difficiles ne sont pas terminĂ©s, mais aujourd’hui j’ai beaucoup de recul sur mon frĂšre, notre relation et l’impact qu’il a eu sur ma vie. Ce n’est pas tout rose mais ce n’est pas un monstre. C’est mon frĂšre et je l’aime. À lire aussi J’ai perdu la vue Ă  19 ans TĂ©moignez sur Madmoizelle ! Pour tĂ©moigner sur Madmoizelle, Ă©crivez-nous Ă  [email protected] On a hĂąte de vous lire ! SantĂ© A la suite d'un accident, Ă  15 ans, Ludovic est devenu tĂ©traplĂ©gique. Il raconte le long chemin de sa reconstruction et, avec finesse et humour, les alĂ©as de son quotidien. Pour son premier appartement seul, Ludovic K., 31 ans, dont 16 annĂ©es de fauteuil roulant pour tĂ©traplĂ©gie, a choisi une vue sur la MĂ©diterranĂ©e. Cette mer qui lui a pourtant volĂ© l'usage de ses jambes, ses mains et une partie de ses bras, un jour de juin 1998, alors qu'il s'amusait Ă  plonger avec son petit frĂšre du haut d'une digue de la plage du Prado. Le dernier saut aura Ă©tĂ© fatal. Sa tĂȘte cogne le fond, ses 5e et 6e cervicales sont brisĂ©es, il ne peut plus bouger. C'est son frĂšre qui alerte les secours. Sans rancune. Ludovic retourne se baigner chaque Ă©tĂ© et n'en veut Ă  personne ». Pas mĂȘme Ă  ceux qui auraient dĂ» installer des panneaux d'interdiction de plonger. C'est un accident con, ça aurait pu arriver n'importe oĂč », lance-t-il ce matin-lĂ , dans le salon baignĂ© de lumiĂšre de son appartement du 8e arrondissement de Marseille. Et il prĂ©vient, en se redressant sur son fauteuil, ses grands yeux bleus soudainement mĂ©fiants Surtout, n'Ă©crivez pas que mon histoire est une leçon de vie et toutes ces choses moralisantes .» Car s'il y a bien une chose que ce trentenaire au caractĂšre bien trempĂ© ne supporte pas, c'est la condescendance envers les handicapĂ©s. D'ailleurs, quand on lui demande de dĂ©crire la tĂ©traplĂ©gie, sa rĂ©ponse prĂȘte Ă  rire C'est une personne qui ne bouge ni les jambes ni les mains, et parfois aussi ni les bras, soit un parfait hameçon pour la pĂȘche au gros. » JE N'AI PAS LE DROIT DE ME PLAINDRE » D'un optimisme qui peut surprendre le visiteur de passage, Ludovic explique qu'il s'estime chanceux de ne pas avoir Ă©tĂ© touchĂ© plus haut ». Plus haut, c'est au niveau des cervicales C4 ou C3, qui, si elles sont atteintes, condamnent Ă  ne pouvoir bouger que la tĂȘte, parfois sous assistance respiratoire. On parle alors de tĂ©traplĂ©gie complĂšte. Des Intouchables, j'en ai cĂŽtoyĂ© Ă  la clinique de rééducation, raconte-t-il. Alors, mĂȘme si je prĂ©fĂ©rerais ĂȘtre paraplĂ©gique et pas tĂ©tra, je n'ai pas le droit de me plaindre. » Dans un souci d'explication, Ludovic montre les membres qui fonctionnent encore sa tĂȘte, son buste, ses Ă©paules, ses biceps et, partiellement, ses poignets. Si l'usage de ses mains lui manque, il dit avoir appris Ă  se dĂ©brouiller autrement ». C'est ce mĂȘme souci d'explication qui l'a poussĂ©, voilĂ  dix ans, Ă  crĂ©er son site internet, La roue tourne », pour offrir un tĂ©moignage personnel sur la tĂ©traplĂ©gie. Parce qu'il Ă©tait difficile de trouver des rĂ©ponses franches et directes sur ce qu'est notre quotidien, j'ai eu envie de partager mon expĂ©rience », explique-t-il. Avec quelque 2 000 visiteurs par mois et un livre d'or rempli de commentaires, ce site est devenu une voix qui compte pour s'informer sur le handicap. Parfois mĂȘme, Ludovic rĂ©pond aux questions d'infirmiĂšres pour leur mĂ©moire. CHAQUE TRAUMATISME EST DIFFÉRENT AprĂšs s'ĂȘtre rassasiĂ© de quelques biscuits au chocolat, il Ă©voque les longs mois de rééducation Ă  la clinique Saint-Martin de Marseille. Ces mois durant lesquels il a compris tout seul que c'Ă©tait terminĂ© ». Qu'il resterait handicapĂ©. Au dĂ©but, l'adolescent de 15 ans Ă©tait persuadĂ© qu'il pourrait remarcher. Puis, au fil des semaines, il a constatĂ© qu'il ne rĂ©cupĂ©rait rien » et a commencĂ© Ă  Ă©changer avec les autres patients. Est-ce la raison pour laquelle il a mieux acceptĂ© son handicap ? Peut-ĂȘtre. Si on me l'avait annoncĂ© brutalement, ça m'aurait achevĂ© », assure celui qui rĂȘvait alors de devenir sapeur-pompier. Tous les blessĂ©s mĂ©dullaires [de la moelle Ă©piniĂšre] n'ont pas cette mĂȘme Ă©nergie de vie, explique Marie-Françoise Chapuis-Ducoffre, le mĂ©decin rééducateur qui a suivi Ludovic jusqu'Ă  l'annĂ©e derniĂšre. Certains n'acceptent pas et en veulent Ă  la Terre entiĂšre. D'autres espĂšrent toujours pouvoir remarcher dix ans aprĂšs leur accident. Chaque traumatisme est diffĂ©rent la reconstruction peut ĂȘtre plus ou moins longue en fonction des profils psychologiques et des complications mĂ©dicales des patients. » LE HANDICAP INVISIBLE A la clinique, les journĂ©es s'allongent et le temps se suspend. Mais la reconstruction, elle, avance. CentimĂštre par centimĂštre. Avec son lot de dĂ©ceptions mais aussi ses belles victoires. RĂ©apprendre la position assise a pris plusieurs mois », se souvient Ludovic en grimaçant Ă  l'Ă©vocation de la douleur que provoquait chaque redressement supplĂ©mentaire Ă  l'aide du verticalisateur. Il y a eu aussi la rééducation de la vessie et du sphincter, que la personne paralysĂ©e ne contrĂŽle plus. Un handicap supplĂ©mentaire et invisible dont personne ne parle », constate-t-il laconiquement. Il est pourtant une source de complication quotidienne pour les handicapĂ©s. Un peu embarrassĂ©, Ludovic baisse la voix pour expliquer sans dĂ©tour qu'il urine dans un PĂ©nilex, une sorte de prĂ©servatif reliĂ© par un tuyau Ă  une poche attachĂ©e Ă  la jambe, et qu'il rĂ©gule son transit intestinal avec des suppositoires. Glamour, n'est-ce pas ? » LE CORPS TOMBE DANS LE DOMAINE PUBLIC » Au bout de dix mois, le jeune homme a pu quitter la clinique et retourner vivre chez ses parents. Des annĂ©es difficiles, ponctuĂ©es de complications mĂ©dicales graves et de promiscuitĂ© familiale parfois insupportable. J'ai beaucoup fait payer ma mĂšre. On s'en prend souvent aux proches dans ces moments-lĂ  », regrette-t-il dans un soupir. Mais il obtient son bac pro en Industrie graphique puis un BTS en Informatique industriel. Alors aujourd'hui, l'indĂ©pendance se savoure. Il assure n'avoir jamais Ă©tĂ© aussi heureux que depuis qu'il vit dans cet appartement ». Cuisine intĂ©grĂ©e, douche spacieuse, portes coulissantes Ludovic a pensĂ© tout l'appartement sur un logiciel de 3D, pour qu'il lui soit parfaitement adaptĂ©. Les petits actes du quotidien demeurent toutefois trĂšs compliquĂ©s, seul. Mais tant pis. Si je dois mettre trois heures pour faire cuire des pĂątes, ça m'est Ă©gal. Je ne suis pas pressĂ© », dit-il. Les aides-soignantes viennent matin et soir le doucher, l'habiller et le coucher. Au dĂ©but, surtout en pleine adolescence, c'Ă©tait trĂšs gĂȘnant de dĂ©voiler son intimitĂ© au personnel soignant, se souvient-il. Et puis, petit Ă  petit, on apprend Ă  lĂącher, le corps tombe dans le domaine public. Maintenant, ça ne me dĂ©range mĂȘme plus qu'une aide-soignante que je n'ai jamais vue me manipule. » DES SOLUTIONS POUR FAIRE L'AMOUR Sur la table de chevet de la chambre, sa copine a laissĂ© sa carte de presse et un roman policier. Ludovic sourit. Il l'aime, bien sĂ»r, mĂȘme s'il ignore encore si elle sera la mĂšre des enfants dont il rĂȘve. Je sais qu'ĂȘtre avec moi, c'est contraignant, Ă  tout point de vue. J'ai peur qu'elle finisse par se lasser. » Pendant plusieurs annĂ©es, il n'a pas voulu se poser de questions sur sa sexualitĂ©. Au moment de l'accident, j'Ă©tais trop jeune, ensuite l'idĂ©e d'en parler m'a longtemps gĂȘnĂ©. » Parce que les blessĂ©s mĂ©dullaires sont en majoritĂ© de jeunes garçons, la colĂšre liĂ©e aux troubles de la sexualitĂ© est souvent un frein Ă  l'acceptation du handicap et Ă  la reconstruction psychologique », explique Marie-Françoise Chapuis-Ducoffre. Difficile, en effet, d'accepter ce sentiment d'atteinte Ă  sa virilitĂ©, surtout quand la sexualitĂ© masculine est souvent associĂ©e Ă  la performance. Alors l'Ă©quipe de rééducation accompagne, tout en douceur. Et, mĂȘme si elle n'a pas de baguette magique », tente d'informer des possibilitĂ©s qui s'offrent Ă  chacun. Lire l'analyse Article rĂ©servĂ© Ă  nos abonnĂ©s Reconstruire sa sexualitĂ© » aprĂšs un accident ou une maladie neurologique Ludovic, lui, n'avait jamais fait l'amour avant son accident. Pour sa premiĂšre fois Ă  22 ans, il dĂ©cide de rencontrer le sexologue de la clinique. Et comprend qu'il existe des solutions. Pour m'assurer d'une Ă©rection durable, je prends un mĂ©dicament par voie orale et je fais une piqĂ»re dans la verge. Ensuite je suis tranquille 1 Ă  4 heures », confie-t-il. Alors, mĂȘme s'il est conscient que tous les handicapĂ©s ne sont pas dans son cas, il s'Ă©nerve de ceux qui continuent de penser que sous prĂ©texte qu'on ne sent rien, on n'a pas de libido ». UNE SEXUALITÉ PARALLÈLE À LA NORMALE » A demi-mot, on lui demande de dĂ©crire ce qu'il ressent quand il fait l'amour. Il s'exĂ©cute, sans fausse pudeur J'ai du plaisir mais je ne ressens pas toutes les subtilitĂ©s de la pĂ©nĂ©tration vaginale, comme la chaleur par exemple. Mais le cerveau s'adapte pour prendre du plaisir autrement. Voir une fille nue, la toucher, la caresser
 procure dĂ©jĂ  de trĂšs bonnes sensations. Alors c'est sĂ»r que si une fille cherche les performances d'un rugbyman, je ne suis pas la bonne personne, plaisante-t-il. Car oui, c'est forcĂ©ment une sexualitĂ© contrainte qui laisse peu de place Ă  l'improvisation. Mais, pour peu que la partenaire soit rĂ©ceptive et Ă  l'Ă©coute, on crĂ©e une sexualitĂ© inventive, diffĂ©rente et parallĂšle Ă  la normale. » Il s'interrompt et grimace. Soulager ses douleurs neurologiques est impossible. A quoi ressemblent-elles ? C'est comme si tu Ă©tais ankylosĂ©e avec des fourmillements partout et parfois des dĂ©charges Ă©lectriques. L'intensitĂ© varie mais la douleur est permanente. » Pour attĂ©nuer ses sensations, Ludovic pourrait prendre des antidouleur. Mais aprĂšs avoir avalĂ© une quinzaine de cachets pendant huit ans, il a dĂ©cidĂ© de les stopper net, au prix d'un sevrage difficile. Ces trucs me shootaient trop. Je prĂ©fĂšre avoir mal plutĂŽt qu'ĂȘtre un lĂ©gume », lĂąche-t-il. DES GESTES ROUTINIERS A dĂ©faut, il essaie de changer le plus souvent possible de position. Ça soulage un peu et ça permet aussi d'Ă©viter les escarres. » VĂ©ritables bĂȘtes noires des corps immobilisĂ©s, ces plaies naissent de la compression des tissus associĂ©e Ă  la perte de mobilitĂ©. Les aides-soignantes lui appliquent une crĂšme prĂ©ventive et prennent soin de bien tendre les draps, un simple tissu pouvant ĂȘtre Ă  l'origine d'une plaie. Le matelas et le coussin du fauteuil sont aussi spĂ©cialisĂ©s. Et normalement, je ne suis pas censĂ© porter de jean », chuchote-t-il, avec le sourire espiĂšgle de celui qui a fait une entorse Ă  la rĂšgle. Son hygiĂšne de vie irrĂ©prochable, il y tient. C'est la seule solution pour vivre aussi longtemps que la population gĂ©nĂ©rale. » Alors il ne fume pas et ne boit pas. Sauf beaucoup d'eau, pour Ă©viter les infections urinaires auxquelles nous sommes sujets. » Avec les annĂ©es, ces gestes sont devenus routiniers. Tout ça, c'est l'apprentissage d'une vie. J'apprends encore Ă©normĂ©ment de nouvelles choses aujourd'hui en vivant seul », dit-il en fixant l'horizon par la fenĂȘtre. Les sĂ©ances de kinĂ©sithĂ©rapie se sont, elles, espacĂ©es deux fois par semaine aujourd'hui, pour l'entretien », contre quatre avant. L'ENFERMEMENT Quand on lui demande si derriĂšre son sourire affable et son humour Ă  toute Ă©preuve ne se cachent pas des moments plus difficiles, il assure qu'il ne voudrait ĂȘtre Ă  la place de personne d'autre. Pas mĂȘme celle d'un mec valide ». MĂȘme si, aprĂšs avoir marquĂ© un silence, il lĂšve le voile sur ce qui lui manque le plus le sport. C'est la seule chose qu'il m'arrive d'envier quand je vois des joggeurs passer, souffle-t-il. Je dĂ©teste vraiment ĂȘtre enfermĂ©. » Alors, Ludovic prend tout ce qui passe » pourvu que ça procure des sensations phĂ©nomĂ©nales » saut en parachute, course de Ferrari Ă  300 km/h et, bientĂŽt, saut Ă  l'Ă©lastique et ULM, si le mĂ©decin l'autorise. Voyager reste encore trop compliquĂ©. Mais je viens de m'inscrire en formation pour devenir Ă©ducateur auprĂšs d'enfants en difficultĂ©. Au moins, je suis sĂ»r que je ne resterai pas cloĂźtrĂ© derriĂšre un ordinateur. » Camille Bordenet Dans le hall de la maternitĂ© de l’Institut mutualiste Montsouris Ă  Paris, deux femmes en fauteuil roulant Ă©changent regards et sourires complices, comme deux amies de longue date. Pourtant elles se connaissent depuis deux heures Ă  peine. VĂȘtue de sa blouse rose de sage-femme, BĂ©atrice Idiard-Chamois, handicapĂ©e depuis sa naissance – et malvoyante – vient de recevoir pour une premiĂšre consultation antĂ©-conceptionnelle» Jeanne, 40 ans, devenue paraplĂ©gique Ă  la suite d’un accident, et qui a dĂ©cidĂ© d’avoir un enfant comme n’importe quelle femme». Elle est sortie de ces deux heures de discussion avec BĂ©atrice complĂštement rassurĂ©e».Je me posais plein de questions, dit-elle. J’avais peur que ma colonne vertĂ©brale ne soit pas assez solide pour porter mon bĂ©bĂ©; je me demandais comment je ferais quand il allait marcher
 BĂ©atrice m’a dit qu’il existait plein de solutions.»C’est fantastique de se sentir en confiance avec des gens compĂ©tents, trĂšs Ă  l’écoute humainement, se rĂ©jouit-elle. Mon compagnon avait trĂšs envie d’avoir un enfant. Ce sera un trĂšs bon pĂšre.»Jeanne fait partie de ces futures mamans que BĂ©atrice accompagne pendant leur grossesse, ou reçoit pour un simple entretien, dans cette consultation ParentalitĂ©, handicap moteur et sensoriel», qu’elle a créée en 2006. Une consultation unique en France, Ă  l’image de cette femme d’exception, qui a dĂ» affronter les foudres des mĂ©decins, quand elle a osĂ© elle-mĂȘme devenir mĂšre, il y a vingt ans. Elle dĂ©gage une telle Ă©nergie rayonnante qu’on en oublie vite son fauteuil roulant. De plus en plus de femmes viennent la voir, parfois de trĂšs loin, pour prendre un simple avis. Certaines ont derriĂšre elles des parcours trĂšs lourds, ont essuyĂ© des refus de gynĂ©cologues, si bien qu’elles ont renoncĂ© Ă  devenir mĂšre s; d’autres, paralysĂ©es aprĂšs un accident, ont dĂ» se reconstruire, retrouver une vie affective. Elles s’y prennent donc souvent un peu plus tardivement que les autres femmes», explique-t-elle. Et toutes arrivent avec des interrogations sur la façon dont elles vont pouvoir mener Ă  bien leur grossesse, mais aussi s’occuper de leur bĂ©bĂ©. Cette consultation antĂ©-conceptionnelle est primordiale, car ces femmes, avant de se lancer dans leur projet d’enfant, doivent avoir des rĂ©ponses aux questions qu’elles se posent et auxquelles les mĂ©decins n’ont pas su rĂ©pondre. Les gynĂ©cologues en effet ne connaissent pas ou trĂšs mal les handicaps», constate-t-elle. Et l’ignorance engendre souvent la cite ainsi l’exemple de cette femme ingĂ©nieur en fauteuil, qui Ă©tait allĂ©e consulter dans un grand hĂŽpital parisien pour un projet de grossesse, et Ă  qui le mĂ©decin avait proposĂ© une stĂ©rilisation ! Ces femmes doivent aussi affronter les prĂ©jugĂ©s de leur entourage. Beaucoup de gens ont du mal Ă  imaginer qu’une femme handicapĂ©e puisse avoir une sexualitĂ©, une vie de couple, et qu’elles puissent ĂȘtre mĂšres», souligne Florence MĂ©jĂ©case, prĂ©sidente de l’association HandiparentalitĂ©, et maman d’un petit garçon de 5 ans.Comme le sujet est tabou, rien n’est prĂ©vu pour nous ; et certains gynĂ©cologues ne veulent pas nous suivre, car ils ne cautionnent pas.» MĂȘme si les mentalitĂ©s sont en train doucement d’évoluer.Il est important de ne pas avoir peur du handicap, insiste BĂ©atrice Idiard­Chamois, et de ne pas sous-estimer les capacitĂ©s de la personne. Certes, on a besoin d’aides, car le monde est fait pour les valides ; mais on sait faire aussi tellement de choses. On leur a tellement dit ou fait comprendre qu’elles n’étaient “pas capables de”, qu’elles se sous-estiment elles-mĂȘmes.» Au cours de ses consultations, BĂ©atrice Idiard-Chamois essaie au contraire de voir en positif ce qu’elles sont capables de faire. C’est ce travail-lĂ  qui est primordial pour qu’elles reprennent confiance en elles.»BĂ©atrice les informe des complications Ă©ventuelles encourues. MĂȘme si on ne peut pas Ă©vacuer tous les risques, comme pour n’importe quelle femme, prĂ©cise-t-elle. Mais la plupart des grossesses se passent bien. Les femmes atteintes d’un handicap moteur sont simplement trĂšs fatiguĂ©es, et quand elles travaillent, je les arrĂȘte vers la fin du 4e mois.» Ă  Montsouris, la maternitĂ© s’est adaptĂ©e Ă  ces femmes les non-voyantes peuvent y lire par exemple leurs Ă©chographies en relief. Elles peuvent aussi se prĂ©parer Ă  accueillir leur enfant, le porter, lui donner le bain
 BĂ©atrice Idiard-Chamois travaille en effet en binĂŽme avec le Service d’accompagnement Ă  la parentalitĂ© des personnes en situation de handicap SAPPH, créé par Édith Thoueille elles peuvent Ă©changer des conseils et astuces pratiques, avec des psychologues, et des mĂšres-relais» et bĂ©nĂ©ficier d’un accompagnement jusqu’aux 7 ans de leur auront besoin d’une tierce personne pour les aider, ou d’un conjoint un peu plus prĂ©sent, mais beaucoup arrivent Ă  s’occuper de leur enfant, avec un matĂ©riel et un accompagnement adaptĂ©s. Le fait d’ĂȘtre handicapĂ©e limite certaines activitĂ©s mais permet de dĂ©velopper d’autres capacitĂ©s», insiste la sage-femme. Leurs enfants font preuve aussi dĂšs le plus jeune Ăąge de facultĂ©s d’adaptation Ă©tonnantes et peuvent grandir et s’épanouir comme les la fille de BĂ©atrice, aujourd’hui ĂągĂ©e de 20 ans en tĂ©moigne. Enfant, je ne voyais pas le handicap et considĂ©rais le fauteuil de ma mĂšre comme un jouet. Plus tard, j’ai davantage vu les contraintes, mais j’ai grandi normalement et ma mĂšre ne m’a jamais montrĂ© dans son comportement de mĂšre qu’elle Ă©tait en fauteuil. Aujourd’hui, je crois que je ne le vois mĂȘme plus.» Elle reconnaĂźt aussi avoir appris au contact de sa mĂšre Ă  se mettre Ă  la place de l’autre». Et Ă  se battre pour que les personnes handicapĂ©es puissent s’intĂ©grer vraiment dans la CHANGER LE REGARDEn dĂ©pit de la loi du 11 fĂ©vrier 2005 pour l’égalitĂ© des droits et des chances des personnes handicapĂ©es», mettre au monde un enfant reste un parcours difficile pour les femmes en situation de handicap. Afin de faire Ă©voluer les mentalitĂ©s, deux initiatives ont rĂ©cemment vu le jour Un film Handicap et maternitĂ© co-rĂ©alisĂ© par la Mutuelle nationale des hospitaliers et des professionnels de la santĂ© et du social et Groupe Pasteur MutualitĂ© propose des tĂ©moignages de femmes handicapĂ©es, suivies par la consultation de BĂ©atrice Idiard-Chamois Ă  l’Institut mutualiste Montsouris et par le Service d’accompagnement Ă  la parentalitĂ© des personnes en situation de handicap SAPPH d’Édith Thoueille. Ce film a Ă©tĂ© projetĂ© et des dĂ©bats organisĂ©s en fĂ©vrier 2012 Ă  Paris, en octobre 2012 Ă  Lille, le 27 mars 2013 Ă  Lyon, le 14 mai Ă  Marseille. Prochaine date le 5 dĂ©cembre 2013 Ă  Strasbourg. DVD sur demande Théùtre-forum Le handicap dans tous ses Ă©tats», organisĂ© par l’association HandiparentalitĂ© en Gironde, pour parler de la vie affective et de la parentalitĂ© des personnes handicapĂ©es, a donnĂ© les 8 et 10 juin deux premiĂšres reprĂ©sentations. D’autres suivront


avoir un handicap mental et devenir parent